Faut bien s'en remettre!
Je sais, il est bien trop tôt pour sortir de ce presque veuvage culinaire que je m'impose depuis que mes concours sont loupés, et que je me répète, chaque matin au réveil, un larmoyant "adieu veau, vache, cochon..." qui rend mon chat quasiment compatissant.
Il faut croire que ce leitmotiv a fini par réveiller mes papilles en deuil, parce que, très soudainement, j'ai décidé que, Picard, ça suffisait. Peut-être aussi que je me sens coupable de voir baisser (assez dangereusement d'ailleurs..) le niveau de l'unique pot de Dulce de Leche ramené par l'Homme, et qu'il faut bien que m'occupe autrement les mains.
La révolution a germé dans mon esprit la semaine dernière, quand une gentille camarade m'a forcée à sortir de ma tannière et m'a traînée au Little Italy, un charmant resto italien, le jour où mes résultats sont tombés comme une vilaine guillotine sur mon cou de jeune Marie-Antoinette (s'empiffrant de macarons..).
Depuis, je ne sais pas pourquoi, j'ai eu besoin de remplir le frigo de pâtes fraiches comme si ma vie en dépendait!
Tout s'est éclairé quand, errant comme une âme en peine dans une Fnac, une grande lumière m'a fait baisser les yeux sur ça:
IL est ENORME! d'une épaisseur encore jamais inégalée dans ma collection, et d'un contenu qui ferait saliver les moins gourmands d'entre nous! Depuis, j'ai retrouvé ma joie de vivre culinaire (je précise, parce que tout le reste va très très mal, et ce sera ainsi tant que je ne serai pas parvenue à mes fins!) et je parle un italien de cuisine (c'est l'occasion) sans arrêt!
Je déjeune pasta et je dîne gnocchis, je goûte mascarpone et amaretti et je bois valpolicello... Je suis DINGUE de cette buena cucina !
Monica Belluci n'arrive pas à la cheville de celle qui a écrit ce bouquin, Laura Zavan, une merveilleuse personne dont je croisais furtivement les recettes dans mon cher Régal.
Alors ce soir c'est petite ratatouille à l'huile d'olive et à l'origan, polenta au gorgonzola, demain c'est gnocchis di ricotta e spinaci, ensuite pasta alle bietole, et je ne vous parle même pas des desserts: le tiramisù ai frutti di bosco (aux fruits rouges) a l'air sublime...
Je crois que je vais aller demander l'asile politique en Italie (la Bibliothèque du Vatican me tente bien en plus!) et prendre 25 kilos en claquant des doigts! On me demande souvent si j'ai des origines italiennes, (parce que je suis brune je crois..) alors désormais je répondrai un grand "Siiiii" très sensuel, sans l'option morceau de basilic coincé entre les dents!